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Art 48 | Frites made in Belgium

Frites made in Belgium

ON A LA FRITE !

Les belges ont des routes éventrées, des budgets étriqués, une Constitution alambiquée avec forcément des taxes et des impôts toujours plus élevés, des problèmes de mobilité inextricables, et quand ils pensent avoir une solution, c’est toujours à côté de la plaque minéralogique.

Le covoiturage ? Mais ma voiture c’est ma liberté, mon bouchon familier, et ma chère solitude finalement, qu’au fond nous chérissons tous sans oser le dire. Avec une bonne radio, et le confort d’un SUV, ce n’est pas mortel, ah si seulement cela pouvait avancer un peu devant, bîîîp, tûûût !!  Bouge ton c… mon couillon ! Et toi, espèce de cholestérol, tu ne vois pas que tu bouches les artères ? Mais c’est idiot de s’énerver car les coups de klaxons c’est comme les discours politiques : cela fait du bruit sans faire bouger les choses.

Le RER ?  N’en parlons plus !  Cela fait dix ans qu’il devrait être fini, mais il en faudra encore quinze (au moins) et ce sera peut-être la cerise (plus très mûre) sur le gâteau du bicentenaire du pays. Mais bon, ce n’est pas si grave au fond. L’avenir est un plaisir et doit le rester.

Parce qu’enfin, nous avons une équipe de foot formi-Diables qui vont forcément décrocher, allez une fois (on parie ?)  la coupe du Monde. Et ce ne sont pas ces argentins tricheurs (la main de Dieu : tu parles Charles !) qui vont nous effrayer.  On n’en a pas eu besoin pour éliminer les russes en 86, quand le Toots a sorti son harmonica et soufflé une brabançonne qui fit pleurer tout le monde à trois heures du matin ; et il reste donc juste ces stoeffers de brésiliens qui ont reçus une rammeling à domicile par les allemands, qui quand même ne peuvent pas tout gagner tout le temps à la fin, non peut-être ? Les anglais ? Brexit ! Donc, klet, c’est comme si c’était fait.

Des talents, on en a tout plein ! Non, non, ne revenez pas avec Brel ou Hergé. On a aussi Stromae, et Arno, notre Gainsbarre, et même le Grand Jojo, ce n’est pas rien. On a les frères Dardenne, et le jambon qui va avec surtout les saucisses de La Roche, bien fumées, un délice, avec une chouffe tout près. On a Vermeulen, et Mathilde qui est la femme la mieux habillée du monde, on a Nafisato Dialor qui est la plus belle athlète du monde, et les Red Lions, des castars qui eux aussi seront bientôt champions du monde.

Bref, on a tout pour dire aux autres : foert, arrêtez de nous mépriser, les clinches, c’est plus nous. D’ailleurs les Français le savent car toutes leurs vedettes de cinéma viennent de la belle gigue.  En dat in na kass comme on dit dans les Marolles, au pied du palais de Justice, le plus grand du monde, et qui sera réparé, promis, pour 2030, et déjà dans trois ans, promis, on va commencer par démonter  les échaudages déjà vieux de cinquante ans, enfin ils ont promis…

Mais on fait encore mieux avec nos 365 variétés de bières. Autant que de fromage en France, ce qui a fait dire au Général de la Gaule qu’avec ce nombre il lui est impossible de gouverner. Eh bien chez nous c’est possible d’unir notre pays avec cela. On le fait depuis bientôt deux siècles. Il ne manque qu’une chose. Une seule. Devinez quoi ?

Les frites qui vont avec tiens !! Attention, qu’on se rassure :  on a déjà le contenu, la matière première. Avec nos frites-mayos ou tartare, voire l’andalouse, e viva espagna, vamos a la playa ! Tous, tous, tous jusqu’à Torremolinos, avec nos frites-boulettes, les frites-mitraillette, les carbonnades et tutti quanti.  On ne fait pas dans le détail nous, ni même la légèreté, faut reconnaître. Mais peut-on imaginer un Beulemans au régime ?  A l’eau ? Ce serait une offense au patrimoine national !   Et cela, on y tient, avec notre drapeau dans la bière nationale. Sauf que…

C’est le contenant qui pose un peu problème.  Parce que les fritkots, il y en a, c’est vrai, de moches, des moyens, des pas attirants et même carrément des dégueulasses. Des mythiques aussi, ou les présidents européens préfèrent se rendre plutôt qu’au restaurants chicos, et même que les guides en parlent. Mais l’idéal serait que tous soient beaux. Aient du style, pas du facadeklach ou du brol en plastique.  Aussi blinquants que les boules de l’Atomium.  Qui fassent tourner la boule aux touristes. Pour cela on a eu des idées.  Baignant dans une huile très propre, celle du cerveau. Cela vous intéresse ?

Bienvenue dans notre catalogue. On vous rajoute un peu de sel ? Une clotte de mayo en plus ? A votre service !  Et surtout revenez quand vous voulez…

Xavier Zeegers

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